PUBLIE LE 17/01/2022 par Auriana Castro & Mathieu Hutin - 16483 vues
Antoine Grange, membre du groupe politique Les Annéciens, conseillé municipal, vice-président du SCoT du bassin annécien, était « L’invité.e H2O » de ce dimanche 16 janvier 2022. Le benjamin du conseil municipal d’Annecy s’est prêté à une heure d’interview pour parler des politiques de la ville d’Annecy et de l’agglomération du Grand Annecy. Ancien étudiant de Sciences Po Grenoble, l’interview est également l’occasion pour Antoine Grange de revenir sur la polémique qui avait touché l’Institut d’études politiques en mars 2021.
« On construit un environnement fantasmé de Sciences Po Grenoble […] » (Antoine Grange)
En mars 2021, sur Twitter, des syndicats étudiants avaient partagé des photos d'affiches placardées sur la façade de Sciences-Po Grenoble sur lesquelles on pouvait lire : « Des fascistes dans nos amphis. Klaus Kinzler et Vincent T. Démission. L’islamophobie tue ». Le procureur de la République de Grenoble avait alors ouvert une enquête pour injure publique envers un particulier, et la direction de Sciences Po Grenoble, avait « condamné avec la plus grande fermeté » ces affiches. Klaus Kinzler avait ensuite multiplié les déclarations médiatiques. L'enseignant avait qualifié Sciences Po Grenoble de « camp de rééducation politique », accusant un « noyau dur » de collègues, adeptes, selon lui, des théories « woke », d’endoctriner les étudiants, et la direction de l’IEP de laisser faire. Des politiciens s’étaient emparés de la polémique dénonçant le « wokisme » de l’enseignement supérieur et de la recherche. A savoir : le « wokisme » est un terme originellement anglo-américain utilisé péjorativement pour qualifier les idées progressistes défendant les minorités. En décembre 2021, Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, avait annoncé suspendre « tout financement et toute coopération » avec Sciences Po Grenoble, à la suite de la mise à pied du professeur d'allemand pour ces « propos diffamatoires ».
En tant qu’ancien étudiant de l’IEP, Antoine Grange est revenu sur la polémique : « Quand on est étudiant, on ne se sent pas concerné par de tels propos. Il y a eu une instrumentalisation de ce fait divers par certains politiciens. » Face à la décision de Laurent Wauquiez, Antoine Grange répond : « Je me désole que des politiques prennent des positions dogmatiques et s’immiscent dans la recherche qui doit être indépendante. En coupant les subvensions, qui sont ceux que l’on pénalise au final ? Ce sont les étudiants. »
Antoine Grange affirme : « La communauté étudiante là-dessus est unanime : on est en train de construire un environnement fantasmé de Sciences Po Grenoble qui n’a rien à voir avec la réalité. »
Des questions sans réponses après la décision du Conseil d’Etat ?
Interrogé sur l’issue du recours de Jean-Luc Rigaut concernant le résultat des élections municipales d’Annecy, Antoine Grange se dit soulagé : « On va enfin pouvoir avancer ».
Si avoir enfin une réponse définitive sur le recours est un soulagement. Des questions restent sans réponses pour le conseiller municipal : « Dans quelle mesure une décision comme celle-ci, qui arrive un an et demi après le début de la procédure, fait du mal à la démocratie ? Beaucoup de questions n’ont pas vraiment été jugées, faut de procédure ou quoi. Je souhaite qu’on éclaircisse certains points. Est-ce que Frédérique Lardé a usé de ses moyens de députée pour faire campagne ? Aujourd’hui, dans le jugement du Conseil d’Etat, il y a des questions qui restent en suspens. On a l’impression d’avoir une justice qui ne s’est pas prononcée. »
Si le Conseil d’Etat n’a pas répondu à cette question, c’est qu’il n’a pas été saisi de cette interrogation. Mais pour la Commission Nationale des comptes de campagne la réponse est non.
Le projet du parc paysager du haras « trop luxueux »
Alors que les Annéciens n’avaient pas connu de hausse d’impôts depuis 20 ans, le Plan Pluriannuel d'Investissement (PPI), demande une augmentation de la taxe foncière. Une hausse des impôts qui n’a pas étonnée le groupe « Les Anneciens » : « Lors des débats de la campagne municipale, nous étions les seuls à dire que les impôts risquaient d’être augmentés. […] Je ne vois que deux possibilités : soit il y’a une méconnaissance des dossiers, ils ne l’envisageaient pas et ils sont aujourd’hui au pied du mur, soit c’est de la malhonnêteté. »
Une hausse d’impôt jugée nécessaire pour le conseiller municipal : « Il y’a urgence. » Le patrimoine de la ville d’Annecy est beaucoup trop vétuste à ses yeux : « On a des écoles qui sont depuis une dizaine d’année dans un état critique. »
Si pour le conseiller municipal une hausse d’impôt est nécessaire il faut également prendre en compte le contexte dans lequel cette hausse s’effectue : « On est dans une période particulière, beaucoup de monde a souffert, on traverse une crise économique, et les plus précaires se retrouvent davantage précarisés. Aujourd’hui, je regrette vraiment qu’on ne parle pas du contexte. »
Pour autant l’utilisation de cet argent publique dans le PPI mérite d’être questionné pour Antoine Grange : « On est obligé de mettre en face les moyens pour utiliser cet argent pour pouvoir investir dans les choses du quotidien des Annéciens et pas dans des projets luxueux comme celui du haras. »
Le projet du parc paysager du haras jugé « trop luxueux », il s’explique : « Est-ce qu’on peut justifier de dépenser 8 millions d’euros dans un parc de centre-ville qui, du point de vue de beaucoup d’annéciens, ne demanderait qu’à être ouvert. »
Interrogé sur l’attente en face des habitants qui ont soutenu le projet, il riposte : « Il y’a une attente mais il faut faire des choix. On y met le paquet pour une halle gourmande, pour une cité du cinéma d’animation… A qui bénéficient ces équipements ? Aux annéciens du centre-ville, et plutôt aisés. Est-ce que ce sont vraiment ces publiques-là, qui ont besoin qu’on leur propose un espace comme celui-ci ? » Pour Antoine Grange, il aurait fallu se questionner de la légitimité du projet : « On aurait très bien pu faire plein de choses pour revoir ce projet, on aurait pu revoir son coût à la baisse et ne pas augmenter les impôts. » Il affirme : « Il n’y aurait pas eu une hausse d’impôt si le prix du projet avait été revu à la baisse. »
« Jean Luc Rigaut a voulu la fusion pour se faire mousser […] » (Antoine Grange)
L’interview porte par la suite sur la commune nouvelle d’Annecy. Pour l’élu, si elle avait été présentée comme un moyen de réaliser des économies d’échelles, l’objectif est loin d’être atteint. 53 personnes ont été embauchées et ce même si recruter dans la petite enfance et dans la santé est particulièrement difficile en Haute-Savoie. Pour Antoine Grange si la fusion ne remplit pas ses objectifs c’est en raison de « services pas encore assez structurés, toujours en mutation. »
Mais également l’origine même de la fusion, il confie : « Je pense que Jean Luc Rigaut n’a pas voulu la fusion pour faire des économies d’échelle, il a voulu la fusion pour se faire mousser. C’est une question de prestige cette fusion. Aujourd’hui, Annecy est la 6ème ville de la région Auvergne Rhône Alpes et ça fait bien. Mais c’est faux. On affaiblit notre tissu local et les économies d’échelles sont difficiles à réaliser. »
Néanmoins, la fusion permet à la nouvelle commune, en passant à une échelle plus grande, de concrétiser certains projets, difficilement voire impossible à réaliser pour Annecy seule : « C’est pour cela que le sujet des fusions est complexe. Mais ce sont des problématiques à voir dans leur ensemble. Aujourd’hui ce sont des échelons de coopération qu’il faut savoir mettre en musique du mieux possible. Il ne faut pas les prendre pour des ambitions personnelles ou des « égo trips » pour se projeter politiquement dans d’autres instances qui n’ont rien avoir avec le quotidien des habitants et qui sont éloignées des besoins qu’ils expriment. »
Antoine Grange revient également sur l’une de ses déclarations, lors des veux à la presse du groupe politique Les Annéciens. Il avait alors déclaré que la présence de Jean-Luc Rigaut empêchait le centre de se recomposer. L’élu confie : « On a constaté avec ce nouveau mandat un rajeunissement, un passage de relais entre deux générations d’élus. Je salue le travail qui a été fait jusqu’à présent, sans dire que ces personnes-là ne sont plus utiles. Je crois que Jean Luc Rigaut a un bilan difficile à défendre sur certains points, beaucoup de personnes dans son groupe n’ont pas participé à ce bilan et ils n’ont pas à supporter un héritage qui n’est pas le leur. »
Le retrait de Jean Luc Rigaut permettrait selon Antoine Grange de retrouver « un débat sain » :« […] il faut qu’il s’efface et qu’il laisse place à cette nouvelle génération d’élus pour que l’on puisse faire espérer le citoyen dans nos instances démocratiques locales. »
Budget participatif : «[seules] les personnes les plus informées, les plus intégrées y participent. »
Pour Antoine Grange, les dispositifs pris par l’équipe municipale d’Annecy, comme le budget participatif, ne parviennent pas à mobiliser la majorité des citoyens. Pour le conseiller municipal, ces projets ont des biais sociaux : « Ce sont les personnes les plus informées, les plus intégrées qui y participent. » La démocratie participative doit s’appuyer sur d’autres dispositifs selon l’élu, l’un d’eux : le conseil de quartier. Il explique : « Les conseils de quartier avec une part de personnes tirées au sort permettent d’avoir une diversité et une certaine représentation de l’ensemble de la population. » Sur le risque potentiel du tirage au sort (absentéisme, refus, inefficacité…), Antoine Grange se montre confiant : « Aujourd’hui, on a une expertise, on a des cabinets qui proposent des services tout à fait intéressants. Ce sont des nouvelles formes d’accompagnement des projets. Le conseil de quartier n’avance pas s’il n’est pas animé, il faut faire appel à ceux qui savent les animer. » Si la mise en place de ces dispositifs et les avancées de la ville d’Annecy vers une démocratie plus participative sont un progrès, le conseil municipal critique la désorganisation de ces projets et « leur improvisation ».
L’agglomération du Grand Annecy
Interrogé sur la question Tram/BHNS et le nouveau vote à venir, Antoine Grange reconnait qu’il est difficile d’avoir un vote tranché sur des sujets aussi techniques et complexes. Mais pour l’élu et son groupe politique c’est bien le BHNS qui représente le meilleur moyen d’aménagement du territoire.
Mais la complexité du débat, et ce nouveau vote reporte encore à une date ultérieur le lancement des travaux : « La question c’est qu’est-ce que l’on fait dans une temporalité proche pour améliorer la mobilité. » Antoine Grange défend le parti pris de son groupe : « Notre position a toujours été de privilégier la ligne qui partira de la rive oust et qui arrivera à Glaisins. Il faut se positionner pour commencer avant la fin du mandat sinon on ne va rien faire. On a besoin d’aller vite, c’est urgent. Les Annéciens veulent un moyen de transport. Ça fait des dizaines d’année qu’on attend un moyen de transport. »
Pour le conseiller municipal, le débat est entaché par les clivages des groupes politiques de la ville d’Annecy : « C’est une manière de porter des totems pour Réveillon Annecy au sein de l’agglomération. C’est terrible pour la ville d’Annecy à quel point elle s’affaiblit auprès de ses partenaires et des autres maires. C’est évident que la crédibilité de la ville est entachée. »
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