PUBLIE LE 21/12/2021 par Auriana Castro & Mathieu Hutin - 16709 vues
Line Bonnet, procureure d’Annecy était « L’invité.e H2O » de ce dimanche 19 décembre 2021. Une interview de presqu’une heure pour revenir sur son parcours et ses quatre premiers mois au parquet d’Annecy. En deuxième partie de l’interview, Pierre Filliard, procureur adjoint d’Annecy et représentant syndical du Syndicat de la magistrature nous a rejoint pour évoquer la mobilisation des magistrats ce mercredi 15 décembre.
En première partie d’interview, c’est l’occasion pour Line Bonnet de présenter son parcours : « Je suis rentrée dans la magistrature assez curieusement, sans avoir une personne de mon entourage dans la magistrature, mais juste par envie d’exercer ce métier. »
La magistrate a changé plusieurs fois de fonctions : « On la chance d’exercer un métier où l’on peut faire des passerelles. J’ai changé régulièrement de métier en faisant des passages dans différentes juridictions. » Son premier poste est dans la couronne parisienne : substitut du procureur. Line Bonnet explique : « C’est un premier poste assez classique pour un magistrat. C’était une juridiction difficile mais très formatrice. »
La magistrate a par la suite quitté le parquet pour être juge d’application des peines à Bobigny. Elle rejoint après la Direction des affaires criminelles et des grâces. Line Bonnet explique : « Pour synthétiser, c’est l’instance qui créé des lois et qui aide à leur mise en place. C’est une direction qui est rattachée au ministre (de la justice NDLR) et qui met en application les décisions du Garde des sceaux. On est aussi là pour accompagner les collègues. L’objectif est également de faire remonter les problèmes et les difficultés des collègues au ministre. »
Line Bonnet devient ensuite cheffe de la section exécution des peines au Parquet de Paris. Elle est alors en charge du suivi des condamnés pour des faits de terrorisme de 2014 à 2018 : « Vous imaginez bien qu’il y a eu pas mal de sujets sur le terrorisme à ce moment-là. »
Interrogée sur le côté historique de ces évènements, la procureure confie : « Je pense que dans 20 ans des enfants entendront parler du confinement. Mais quand on le vit c’est difficile de se dire que c’est un moment historique. C’est quand on réfléchit aux événements que l’on a vécu collectivement que l’on réalise que c’est un moment fort, mais nous sur le moment, on y est allé parce qu’on le devait. » Line Bonnet rejoint après l’Inspection générale de la justice. Une instance qui a pour objectif de s’occupe des problèmes individuels mais aussi collectifs des juridictions et d’évaluer les politiques publiques.
Décembre 2021, cela fait quatre mois que Line Bonet a été nommée procureur d’Annecy.
Questionnée sur les raisons de sa venue dans le département, elle confie : « J’avais toujours eu envie d’être procureure. Je me suis rendue compte que j’étais faite pour le parquet. » Et pourquoi Annecy ? « C’est une juridiction de taille parfaite pour commencer, c’est une juridiction qui fonctionne bien, dans une région ou les services d’enquêtes fonctionnent bien. »
C’est également l’occasion pour la procureure de présenter ses grands leitmotivs. Comme sa prédécesseure, le trafic de stupéfiants et le cambriolage en font partie : « C’est un travail sans relâche. » Autre grand enjeu : « Aujourd’hui les violences conjugales sont évidemment une priorité de ma politique pénale. Il faut être extrêmement actif. Je ne parlerais pas que de violences conjugales mais intrafamiliales, sur ascendants : il faut ne plus rien laisser passer. » La procureure explique ainsi que chaque homicide conjugal, sur le territoire national, a fait l’objet « d’un retour d’expérience » pour trouver les failles et les points à améliorer.
Line Bonnet confie : « Il y a eu des disfonctionnements. Les difficultés que rencontre la justice, la police les rencontre également. On a une procédure pénale qui s’est complexifiée, année après année, des fois parfaitement justifiées, mais une chose qui se faisait avant en 30 minutes doit se faire maintenant en 2h et sans les moyens humains supplémentaires nécessaires. »
La question de la judiciarisation de notre société se pose alors à la magistrate : « C’est une réalité. C’est une grande demande de nos citoyens. Pour chaque phénomène de société, on donne un délit. Par exemple, on a le délit d’outrage sexiste ou le délit d’harcèlement scolaire qui a été voté récemment. Je ne conteste pas l’importance de ces thématiques, c’est qu’avant ces problèmes se réglaient en dehors du champ judiciaire. »
En deuxième partie d’interview, Pierre Filliard, procureur adjoint d’Annecy et représentant syndical du Syndicat de la magistrature nous rejoint pour expliquer les revendications des magistrats dans la rue ce mercredi 15 décembre 2021.
Un mouvement national qui fait suite à la tribune de 3000 magistrats publiée dans Le Monde, fin novembre. Les différents corps professionnels de la justice (magistrats, greffiers, avocats) avaient alors dénoncé leurs conditions de travail et leur mal-être grandissant.
Pour le procureur, si les problèmes ne sont pas nouveaux, les conditions d’exercice de la justice ne font qu’empirer : « Je pense que la situation ne cesse de se dégrader et que ça fait très longtemps que nous essayions, les uns et les autres, chacun de notre côté, d’attirer l’attention des pouvoirs public sur la dégradation de la situation de la justice. Pas pour nous ! Mais pour les justiciables et la société [..] »
Pierre Filliard souligne l’incapacité des magistrat à exercer correctement leur fonction : « […] les gens sont, non seulement, exaspérés mais surtout désespérés de ne plus pouvoir faire simplement leur métier, c’est-à-dire de rendre à la société les services qu’elle attend. […] » Il explique : « On ne peut pas juger les gens dans des conditions dignes avec la charge des audiences que nous avons. Il n’y a pas très longtemps, j’ai quitté une audience à laquelle je siégeais depuis 8h30 du matin, avec 30 minutes de pose pour avaler un sandwich et un café. Quand la présidente a dit « l’audience est levée », il était 23h38. Qu’est-ce qu’on peut rendre comme justice dans des conditions pareilles ? »
La procureure d’Annecy, elle, n’a pas signé la tribune, elle explique pourquoi : « C’est une tribune qui a été signée par la base, et je trouvais ça un peu démagogique de signer une tribune alors que des problèmes de management sont évoqués. Je ne voulais pas déposséder cette tribune des collègues. Je ne l’ai pas signée mais j’en partage les convictions. » Après Pierre Filliard, la magistrate présente un autre exemple de décalage entre l’imaginaire du publique sur leur fonction et la réalité : « Moi, comme mes collègues nous n’avons pas de secrétariat. Il faut savoir que pour chaque usager qui nous écrit, nous devons passer 40 minutes de notre temps à répondre et à envoyer le courrier. C’est terrible parce qu’on se dit qu’il faut prendre ce temps mais la situation c’est que nous ne pouvons pas prendre une demi-heure de notre temps que nous n’avons pas. »
Face à ces conditions de travail, les deux magistrats sont interrogés sur l’avenir de la profession : « On fait un métier formidable. Mais on est sur des évolutions de la société qui font que les gens n’ont plus envie d’avoir la vie que nous avons eu. Au parquet, ce sont des semaines de permanence 7 jours sur 7, sans savoir à quelle heure on rentre le soir, à répondre au téléphone à toutes heures. Les jeunes collègues à raison ou à tort, chacun pensera ce qu’il veut, mais moi je les entends, trouvent que travailler 12 h par jour ce n’est pas viable. »
Pour la procureure d’Annecy, c’est cet écart entre leur réalité et leur image publique qui est difficile de supporter : « Ce qui nous peine, c’est le regard que porte les citoyens sur nous. Les gens disent « ils n’en ont rien à faire » c’est tellement éloigné de notre réalité. »
Interrogé sur la déclaration du Garde des sceaux, Eric Dupond-Moretti, sur France Inter, le matin même : « J’ai réparé la justice. », Pierre Filliard répond : « Il l’a réparée comme du chatterton sur un tuyau crevé, ça lâche un peu plus loin. Ce n’est pas une réparation, c’est du bricolage. On ne veut pas de solution comme-ça à la va-vite. « Les sucres rapides » disait le ministre. Il a injecté dans les tribunaux des contractuels, pas formés, dont on ne connait pas le statut exact ni les taches qu’on peut leur confier ou combien de temps va-t-on les avoir ? […] C’est de l’esbroufe. »
Le représentant syndical espère que leurs revendications seront entendues, que le gouvernement répondra à cette mobilisation par des moyens humains et financiers. Il conclut : « Nous ne sommes pas prêts à laisser tomber la pression. ».
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