EPAGNY METZ-TESSY | Six mois après la tentative de suicide de Zaia, où en est-on ?

EPAGNY METZ-TESSY | Six mois après la tentative de suicide de Zaia, où en est-on ?

PUBLIE LE 19/10/2022 par Auriana Castro - 12297 vues

Le 25 avril 2022, Zaia, salariée du Leroy Merlin d’Annecy, tente de se suicider sur son lieu de travail.  Retrouvée quatre heures après sa tentative, Zaia est prise en charge. Quelques jours après, son mari, le délégué syndical du magasin et le représentant départemental de Force Ouvrière racontent plusieurs mois de descente aux enfers. Six mois après, la situation a-t-elle changé ?

« On a espéré, mais aujourd’hui, ça ne va pas mieux. »

40 démissions en trois mois, plus d'une dizaine d'arrêts maladie. Pour Sever Sertac, délégué syndical FO, ces chiffres parlent d'eux-même : « 40 démissions en un an, je veux bien… Mais pas en quelques semaines. N’importe qui sait qu’il y a quelque chose qui ne va pas bien. » Preuve pour le délégué syndicale du mal-être, l’absence de discussions lors de ces démissions entre la direction et les salariés : « Je connais des personnes qui ne sont même pas allées discuter pour un arrangement. Ils n’ont plus la force de se battre. Si t’es pas bien, tu poses ta démission et tu pars, peu importe que tu sois là depuis 7-8 ou 9 ans. D’autres se sont trouvés une porte de sortie, un autre travail. »
Et pourtant, alors que le syndicat FO alertait dès janvier 2022 sur la situation de Zaia, alors que cette dernière a tenté de mettre fin à ses jours dans les locaux de l’enseigne en avril, et alors qu’un sondage réalisé pour évaluer les conditions de travail a montré le mal-être des salariés, entrainant le départ de la précédente directrice, rien n’a changé pour le délégué syndical.
Il explique : « Il y a eu beaucoup de dégâts avec la précédente direction. On a eu un nouveau directeur. On avait beaucoup d’attentes, on a espéré. Mais aujourd’hui, ça ne va pas mieux. »
Sever était là au lancement du magasin, il y a neuf ans. Il a vu progressivement la situation des salariés se dégrader : « Déjà, on nous a supprimé l’équipe du matin, avant l’ouverture des salariés mettaient en rayon. Maintenant, des vendeurs se sont retrouvés à devoir faire la logistique, puis enchainer avec la vente… »
Une surcharge de travail pour les salariés alors que rien ne justifiait, selon Sever Sertac, la suppression de cette équipe. Un manque d’écoute, de considération et des conditions de travail plus difficiles dont les clients, des habitués, se rendraient compte : « Ils nous interpellent, nous demandent où est passé untel… Ils comprennent qu’il y a quelque chose qui ne va pas. »
Pour le délégué syndical, le combat continue. Il confie : « Je pense qu’il va y avoir encore des départs, honnêtement, c’est triste. »
Alors, c’est avec beaucoup de détermination que Sever Sertac voit s’approcher les prochaines élections de l’entreprise, qui détermineront, notamment, les délégués syndicaux : « On a besoin d’être présent, d’être là pour toutes ces personnes, on est là pour continuer ce combat. J’espère que les jours à venir seront meilleurs. »

Sollicitée à plusieurs reprises, la direction de Leroy Merlin n’a pas répondu à nos questions.