Annecy

FAVERGES-SEYTHENEX | Il avait mortellement percuté un scootériste : 5 ans de prison

FAVERGES-SEYTHENEX | Il avait mortellement percuté un scootériste : 5 ans de prison

PUBLIE LE 31/01/2023 par Mathieu Hutin - 15821 vues

Un homme de 35 ans au moment des faits comparaissait ce mardi 31 janvier 2023 devant le tribunal correctionnel d’Annecy pour homicide involontaire sous l’empire d’un état alcoolique et délit de fuite. Un jeune homme de 20 ans qui rentrait de son travail à scooter avait été percuté par la grosse berline allemande et était mort sur le coup.

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    © Archive H2O | Mathieu Hutin
    Le palais de justice d'Annecy

Le vendredi 13 août dernier, Aurélien* rentre de ses vacances en Allemagne. Le trajet est long. Dix heures de route que le prévenu va se partager avec son père. En fin de journée, la mère de son fils dont il a la garde alternée vient le récupérer au domicile de Val-de-Chaise, avant que le père de famille ne ressorte faire la fête. Ça se passe à Doussard, d’abord dans un bar du secteur de la plage ; Aurélien explique y avoir consommé deux bières. La présidente du tribunal insistera pour en connaitre la quantité : « Cinquante centilitres. – Donc 1 litres de bière ! Vous étiez déjà bien alcoolisé ! »

Aurélien continue de raconter la soirée de retrouvaille avec ses amis, le restaurant voisin qui a suivi et la consommation d’un verre de vin supplémentaire mais aussi de digestifs pour terminer le repas. « Des digestifs ? Ce sont des vodkas-coca ! Combien en avez-vous bu ? - Trois ou quatre. »

La suite, ce sont les gendarmes ou des témoins qui le raconte car Aurélien « ne sait pas. » Il le dira une dizaine de fois à la barre. Il ne se souvient pas.

Selon les gendarmes, vers 0h50 dans la nuit du 13 au 14 aout 2022, une patrouille qui circule depuis Faverges en direction de Saint-Jorioz sur la 1508 roule sur des débris peu après le rond-point du « Taka Yalé. » Les gendarmes s’arrêtent, cherchent et finissent par découvrir le scooter de Maxence* en contrebas de la route, à 80 mètres du point d’impact. Des témoins arrivent alors et disent avoir croiser une Audi noire, accidentée à l’avant et qui zigzague. En suivant les traces de liquide perdu sur la chaussé, les militaires finiront par retrouver l’Audi sur un parking à l’entrée de Saint-Ferréol. Son conducteur est prostré, a croupi devant le véhicule. Il fume une cigarette et est au téléphone avec un ami. « Je viens de renverser un scooter déclare-t-il aux gendarmes. » Dans le même temps, les témoins retrouvent le corps sans vie de Maxence à 60 mètres de là où il a été percuté, et son casque de l’autre côté de la route. Ils tentent de le réanimer en vain. Il avait 20 ans et rentrait de son travail dans un restaurant d’Angon à Talloires-Montmin.

« Pourquoi vous buvez autant ? Pourquoi être sorti malgré la fatigue du retour de vacances ? Votre condamnation à 1 mois de prison avec sursis pour conduite en état alcoolique en 2011 ne vous a pas sensibilisé ? » Toujours la même réponse dans la bouche du prévenu : « Je ne sais pas. »

Aurélien passe mal à la barre, stoïque et glacial, il n’explique rien, dit avoir cru percuter un animal sauvage. Mais la présidente du tribunal détient le témoignage du couple qui suivait la voiture d’Aurélien : « Il zigzaguait alors j’ai dit à mon mari de laisser une distance. Au niveau du garage Citroën, il a mis son clignotant. Il devait doubler un scooter car il n’y avait qu’un seul feu. » Sauf qu’à la barre, Aurélien ne se souvient ni du clignotant, ni du scooter…

Le procureur interroge : « Vous dites aux gendarmes qui vous retrouvent que vous avez percuté un scooter et ici vous nous parlez d’un animal sauvage ? – C’est parce que mon ami Thierry* me l’a dit lorsque que j’étais au téléphone avec lui.

Aurélien ne vacille pas. À plusieurs reprises, présidente du tribunal et avocats lui tendent la perche pour obtenir la formulation d’excuses : « J’ai commis une grosse faute, je ne pourrai jamais m’en remettre. Mais j’aurais beau faire toutes les excuses, ça ne changera rien. J’ai brisé une famille et ça ne changera pas. »

Le père de Maxence bouleversa ensuite la salle du tribunal, obtenant, scène inhabituelle, un mot de compassion de l’avocat de la compagnie d’assurance : « Maxence avait 2 ans d’avance, il avait eu son bac à 16 ans et jouait du piano en IIIème cycle. Il ne laissait personne indifférent. » Le père dévasté racontera tout le bien que le patron de son fils lui avait dit lors de l’après-midi du 13 août dans ce restaurant d’Angon ou père et fils avaient partagé un temps pendant la pause : « Quand il avait fini son travail en cuisine, il lui arrivait de jouer du piano pour les clients », sanglote le père traumatisé.

Quand la mère de Maxence arrive à la barre, l’audience bascule. La douleur et la rancœur giclent dans la salle : « Aurélien X, on se connait. Ton surnom : c’est bon-à-rien** ! Par l’intermédiaire de Thierry aussi, on se connait. Tu n’as même pas pris ton téléphone pour expliquer ou t’excuser. Présente-nous officiellement des excuses ! » La sœur de Maxence, encore adolescente, s’y mettra aussi : « Regarde-moi dans les yeux ! […] C’est un Lâche. […] C’est stupide […] Il n’a pas pris conscience, il a juste peur pour lui. – Je ne les ai pas contactés car c’est impardonnable. J’ai préféré rester en retrait », répondra le prévenu.

Agnès Unal pour les parties civiles dénoncera un homme irresponsable qui parle de grosse faute alors qu’il s’agit d’une infraction pénale : « Je suis indigné. Vous n’êtes pas dans une cour de récré ! » L’avocat du père de Maxence pointera du doigt les incohérences dans le discours d’Aurélien : « Il sait au centilitre ce qu’il a bu mais il ne se souvient plus du scooter ! Ce soir-là, Maxence à croisé un assassin de la route. C’est ignoble, honteux, inacceptable. »

Le ministère public continuera d’accabler le prévenu : « Il n’a rien retenu de la fleur que lui a fait le procureur en 2011. […] Il savait ce qu’il doublait parce qu’on ne double pas un animal avec le clignotant. » Le procureur requiert 5 ans de prison dont 3 avec sursis et obligation de soin.

Pour la défense, Me Julien plaidera le doute. D’abord sur le point d’impact sur la chaussé, prétendument absent du dossier, sur la présence des autocollants réfléchissants sur le casque de la victime puis sur la qualité de ce dernier car la jugulaire a été arrachée dans la violence du choc. Il expliquera aussi avoir déconseiller à son client de contacter la famille de la victime que le prévenu connaissait. Inaudible pour les parties civiles et notamment la sœur de Maxence qui étouffera ses cris de colère.

Le tribunal a déclaré Aurélien coupable de l’ensemble des faits et l’a condamné à 5 ans de prison, dont 3 avec sursis et mise à l’épreuve pendant 2 ans. Une condamnation avec dépôt différé et exécution provisoire, ce qui signifie qu’Aurélien devra se présenter dans quelques jours à la maison d’arrêt d’Aiton pour y être incarcéré, même s’il décide de faire appel de sa condamnation. Aurélien devra également indemniser les parties civiles. Son permis à été annulé et il ne pourra le repasser avant 5 ans.

*Les prénoms ont été changés
** Le surnom a été changé.



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