PUBLIE LE 10/11/2021 par Mathieu Hutin - 18221 vues
Photo : Twitter François Astorg Infographie : H2O
Plus de 2h30 de réunion dans une salle Eugène Verdun archicomble. La ville d’Annecy organisait une « rencontre-débat » ce mardi 9 novembre 2021 à 20h. Il s’agissait, une nouvelle fois, de débattre du projet de transport en commun en site propre intégral à Annecy et au bord du lac d’Annecy.
Souvenez-vous le 21 octobre dernier, en conseil d’agglomération privé, Frédérique Lardet avait fait voter son conseil communautaire pour ne conserver que deux des six scénarios présentés dans les études (Le scénario F : 5 « branches » en bus à Haut Niveau de Service sur des voies dédiées pour 559 M€ et le scénario E : 3 « branches » de bus à Haut Niveau de Service sur des voies dédiées et les branches Seynod/Pringy en tramway NDLR)
Le ton avait déjà été donné hier sur les réseaux sociaux avant la soirée. Le vice-président aux finances de l’agglomération Denis Duperthuy avait reproché à l’organisation (la ville d’Annecy NDLR) de ne pas l’avoir sollicité pour présenter les chiffres. DD n’hésitant pas à tacler : « Le maire d'Annecy a délibérément choisi, dans une vision totalement dogmatique et partisane, de ne pas donner la parole à ceux qui ne pensent pas comme lui. »
Retour aux heures honteuses des réunions du projet Lola : il y avait, comme à la grande époque du projet de tunnel, autant d’experts en transport, écologie, démocratie (et bientôt en journalisme après la lecture de cet article) que de personnes présentes dans la salle. On est en droit de se demander pourquoi ce sketch indigne d’une démocratie développée, jouée dans une ville pétée d’argent est considéré par certains comme un moment démocratique. Il est également légitime de s’inquiéter de savoir s’il restera des citoyens pour s’engager pour la chose publique dans le futur, tant les élus de tous bords et de toutes convictions sur le sujet ont été livré à l’irrespect décomplexé et assumé, aux coups d’éclats de quidams en quête de quelques minutes de gloire en 720px sur la toile.
La finalité de ces quelques 180 minutes de questions/réponses ? Quelques centaines de personnes connectées sur Facebook et presque autant physiquement présentes. Même pas le millier de personne dans une ville riche de 132 601 cerveaux (en 2020) pour un projet financé par une agglo peuplée de 207 562 habitants. Quand on sait qu’à 30 kilomètres de là, le mot votation n’est pas un (faux) barbarisme mais un (vrai) outil d’expression pour « tout un peuple », les bouchons frontaliers quotidiens trouvent un début d’explication pour un cerveau non vénal mais surchauffé par les débats.
Elle l’était, surchauffée, l’ambiance de la salle acquise au maire d’Annecy hier soir. On a presque envie de le plaindre François Astorg. Organisateur d’une soirée pour défendre ses convictions et sa promesse électorale. Une position indélicate, car quand pour les troupes, la soirée tourne au plan anti-Lardet et anti BHNS, la présidente sort les flingues et les balles sifflent.
Interrogée par RCF & H2O à la sortie de l’événement, Frédérique Lardet ne mâche pas ses mots : « Il y a un manque d’objectivité dans la présentation. Il y a un manque total de respect des maires des communes avoisinantes d’Annecy. Le maire d’Annecy n’a parlé que d’Annecy. Je suis vraiment déçue. (…) L’enjeu c’était de dire, on a une gouvernance à deux têtes, pour préserver l’équilibre avec les 33 autres communes. Les maires étaient déçus des mandats précédents parce qu’il n’y avait que Annecy qui comptait. Certains maires ne sont pas contents parce que l’on fait du Annecy autocentré. Allez expliquer aux 100 000 Grand Annéciens qui habitent à l’extérieur de la commune nouvelle que leurs maires n’ont pas mot à dire parce que l’on construit 70% du réseaux sur Annecy ! BHNS ou Tram, ce n’est pas mon problème ! Mon problème c’est d’avoir du report modal. (…) Les amis de Monsieur Astorg à Lyon ont fait le choix d’un BHNS en site propre intégral sur la ligne Est de Lyon pour 60 000 voyageurs/jour. On n’aura jamais ça à Annecy. Je suis en colère parce que Monsieur Astorg ne respecte pas l’agglomération et ses 33 autres maires.
Au regard de ce que j’ai entendu aujourd’hui, je vais remettre à l’élection les 6 choix. Je vous l’annonce ce soir ! Ça m’avait déjà été demandé cette semaine. Dans le conseil privé, il n’existe pas de procuration donc tous ceux qui n’ont pas pu le faire en conseil privé pourront voter le 18 novembre. (…)
Frédérique Lardet finissant de tacler le maire d’Annecy sur son plan pluriannuel d’investissement qui n’est pas prêt : « Moi j’attends le PPI de Monsieur Astorg car lui aussi a dû faire des choix. On ne l’aura pas au 15 novembre à priori. »
Si certains ne pensent qu’à une possible annulation de l’élection municipale, c’est bien le vote d’élimination de 4 scénarios sur 6 qui a été balayé hier soir et la possibilité d’un tram sur la rive ouest du lac qui redevient plausible.
Interrogé dans la foulée, François Astorg n’était pas vraiment étonné de cette annonce de Frédérique Lardet. Selon nos informations, cette décision de la présidente avait été évoquée en commission dernièrement. Un grand nombre d’élus du Grand Annecy savaient donc qu’un vote à six choix se profilait le 18 novembre prochain. S’il ne fait que peu de doutes que cette sortie de la présidente hier soir était, elle, totalement imprévue, et sûrement provoquée par le déroulé de la réunion ; que penser du débat public des dernières semaines, polarisé sur les scénarios E et F, faussement présentés par tous les protagonistes du dossier comme les deux seuls restants.
François Astorg parle lui : « d’un problème de lisibilité sur le processus, c’est une ouverture intéressante. Je dois en discuter avec la présidente. Sur le projet, j’invite les annéciens à donner leur avis sur jeparticipe.annecy.fr »
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