PUBLIE LE 27/09/2022 par Auriana Castro - 10980 vues
Lancé par France Nature Environnement, le projet CIMaE vise à mieux connaitre les zones humides d’altitude pour mieux les protéger
En 2021, France Nature Environnement lance le projet CIMaE (Climatic Impact on Mountain Aquatic Ecosystems). Son objectif, étudier l'impact du changement climatique sur les zones humides d'altitude afin de mieux les protéger. Des zones, encore aujourd’hui, largement méconnues qui font pourtant partie des écosystèmes les plus riches au monde…
Sur les massifs, entre forêts et glaciers, se cachent des petites marres, des petits plans d’eaux, qui ne dépassent pas un mètre de profondeur.
A première vue, une toute petite ressource en eau pas très conséquente ni importante… et pourtant ! Ces zones humides de montagnes jouent un rôle primordial. Elles limitent l’intensité des crues, filtrent les eaux et ralentissent les ruissellements. Au contraire, en cas de manque d’eau, elles s’avèrent être des réserves primordiales. Enfin, elles constituent de véritables puits de carbone, trésors inestimables dans la lutte contre le changement climatique. Mais à cause de ce dernier, elles connaissent actuellement un déclin alarmant.
En 2021, Marie Lamouille Hébert, chargée de mission biodiversité et milieux aquatiques chez France Nature Environnement Haute-Savoie et doctorante lance le projet CIMaE. Un projet de recherche, une thèse co-encadrée par l’Université Savoie Mont Blanc et l’INRAE de Lyon. Son objectif, étudier l'impact du changement climatique sur les zones humides afin de les préserver. Marie Lamouille Hébert explique : « Ces milieux sont une grande part des ressources en eau douce de la planète, même si on ne s’en rend pas forcément compte en France. On a une vision un peu particulière, on a des apports en eau très différents. Mais cet été, on a bien vu l’importance de préserver ces petits milieux. »
Cet été de grande sécheresse a comme démontrer, s’il le fallait, une nouvelle fois leur rôle. La chercheuse confie : « « Des élus m’ont contactée, en particulier des élus du Chablais, parce qu’ils ont dû trouver des solutions pour les alpages, pour alimenter en eau leurs élevages. Les zones dans lesquelles ils buvaient habituellement étaient à sec. » Elle poursuit : « Ils se préoccupent : comment faire pour concilier biodiversité et élevage en montagne dans les années qui viennent ? Cette année, j’ai été sur une quarantaine de petites zones en Haute-Savoie, il y en avait 17 qui étaient à sec. […] Il y a des territoires qui sont déjà en tension. »
Des territoires d’ores et déjà en tension alors que les enjeux écologiques, économiques et donc sociétaux sont importants : « Comment [allons-nous] faire pour préserver la biodiversité, qui est là depuis des milliers et des milliers d’années, et les usages économiques qu’on a développés en montagne ? Parce qu’ils sont totalement à défendre, ils ont un poids sociétal. Et puis, parce qu’aller en montagne c’est un privilège, une chance et une liberté qu’on peut avoir. »
Pour conserver ces territoires le plus longtemps possible, le projet CIMaE s’étend sur quatre années et trois axes. Le premier étant de récupérer un maximum de données. De localiser, classer ces zones humides d’altitudes, d’y analyser les conditions de développement et de vie ou non d’une faune (libellules, amphibiens). Les été 2021 et 2022, 80 naturalistes et pratiquants de l’outdoor volontaires étaient donc sur le terrain, à l’exécution du protocole. Forte de ces jeux de données sur deux étés diamétralement opposés (l’été 2021 ayant été très pluvieux), l’analyse va pouvoir commencer. La réponse des communautés odonates (la famille des libellules) et des amphibiens à différents paramètres (température de l’eau, connectivité…) sera étudiée. Enfin, une modélisation des distributions actuelles et futures des espèces d’altitude sera réalisée de même que le changement possible de localisation de ces zones humides d’altitude. Marie Lamouille Hébert explique : « Si on imagine qu’on a tous ces milieux-là autour d’un point, ce point monte de 55 mètres tous les 10 ans dans les Alpes du Sud. Ce qui signifie qu’à terme, les zones les plus basses vont soit disparaitre, soit elles vont se créer en marge glacière et comme il y a beaucoup de brassage dans ces zones, elles vont se créer puis disparaitre. »
D’où l’intérêt pour la chercheuse de repérer de toute urgence ces écosystèmes afin de pouvoir mettre en place des actions de préservation et de restauration.
« Pour la suite, nous recherchons encore des financements »
A la fin de notre échange, Marie Lamouille Hébert a tenu à dire un mot sur le financement de ce projet.
Un financement qu’elle qualifie de particulier puisque contrairement à la plupart des thèses, celle-ci n’est pas financée par le ministère de la recherche ou par un laboratoire. Pour cause, CIMaE a été monté comme une mission dans le cadre de son travail à France Nature Environnement Haute-Savoie.
Marie Lamouille Hébert est donc allée elle-même chercher les financeurs du projet. Parmi eux pour 2021 et 2022 : Baud Industries, la Fondation Crédit Mutuel, la Région Auvergne Rhône Alpes, le département de la Haute-Savoie, la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement Auvergne Rhône Alpes et une association de protection des libellules « Sympetrum ».
Si comme le confie la chargée de mission, la plupart continueront d’apporter leur soutien, ce ne sera plus le cas de la région. Pour Marie Lamouille Hébert deux explications justifient ce choix : « D’un point de vue politique, les personnes à la tête de la région pensent que ce ne sont pas les associations de protection de la nature qui vont s’occuper de sa préservation mais peut-être d’autres acteurs du types fédération de chasse ou autres. Ils estiment que nous ne sommes pas les plus compétents. Et puis il y a un autre aspect, on est une association militante, on est à but non lucratif, on est là pour la préservation de la nature et du bien-être de tout le monde au final. Donc il y a des projets qui pouvaient être portés par certaines collectivités auxquels nous nous sommes opposés parce qu’ils étaient contraires à la préservation de la nature. »
Pour la chercheuse, certains élus ne font également pas la différence entre ce qui relève des missions de FNE financée notamment par l’argent public (missions d’expertises, appui aux collectivités, veille environnementale) et les prises de positions militantes de l’organisation (dons, participations des adhérents, goodies…) Elle confie : « C’est encore difficile à faire entendre à certains. »
Automne 2022, le premier axe de CIMaE se termine, et si le terrain est peut-être définitivement terminé, il y’a encore du chemin à faire d’ici 2024. Pour suivre les avancées du projet, une page facebook : https://www.facebook.com/ProjetCIMaE
Ecoutez un extrait de l'interview de Marie Lamouille Hébert :
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