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CHEVALINE | Tuerie : Qui sont les nouvelles juges ? Les explications du magistrat annécien Jacques Dallest

CHEVALINE | Tuerie : Qui sont les nouvelles juges ? Les explications du magistrat annécien Jacques Dallest

PUBLIE LE 19/10/2022 par Lison Bourgeois & Mathieu Hutin - 11572 vues

La tuerie de Chevaline (Haute-Savoie) est survenue le 5 septembre 2012. Il s’agit d’une des plus grandes affaires non élucidées, la tuerie d’un cycliste et d'une famille britannique sur le parking du Martinet, au bout de la route de la combe d'Ire. Aujourd’hui, le dossier de la “tuerie de Chevaline” bénéficie de moyens exceptionnels puisqu'après son tranfert au pôle "cold case" de Nanterre fin septembre, les juges d’instruction Sabine Khéris, Nathalie Turquey et Emmanuelle Ducos viennent d'être désignées pour prendre la suite du dossier.

Sabine Khéris, 57 ans, est reconnue pour avoir notamment enquêté sur le bombardement qui a tué trois soldats français à Bouaké (Côte d’Ivoire) en 2004. Le sujet des crimes en série lui est familier puisqu’elle s’est chargée de l’affaire très médiatisée de l’enlèvement et le meurtre d’Estelle Mouzin en 2003. C’est elle qui a réussi à faire avouer Michel Fourniret, l’Ogre des Ardennes, ainsi que sa compagne Monique Olivier. ”Elle ne fait pas de bruit, mais ne lâche jamais. C’est une des meilleures, et depuis longtemps”, a indiqué l’avocat pénaliste Joseph Cohen-Sabban au site d’informations Actu Hauts-de-Seine.

Nathalie Turquey est celle qui a résolu le cold case de l’affaire du "Grêlé". Réputée comme discrète et bosseuse, la magistrate parisienne a récupéré à la fin de l’année 2014 le dossier sur le célèbre tueur en série en "promettant d’aller jusqu’au bout." Nathalie Turquey a alors repris de zéro le dossier en faisant réentendre les témoins et victimes mais aussi en lançant de nouvelles investigations. "Elle a tenu parole" et François Vérove, recherché depuis 1986, fût identifié. “Pointilleuse et intransigeante !” Voici le résumé du caractère de la magistrate, qui avait instruit l'affaire Bertrand Cantat après la mort de Marie Trintignant en 2003, tel que dressé par un enquêteur dans les lignes des Jours.

Emmanuelle Ducos, quant à elle, est une juge d’instruction qui a contribué à la mise en place d'un outil efficace et adapté à la spécificité du contentieux relatif aux violations graves du droit international humanitaire et des droits de l'homme. Elle a notamment instruit plusieurs dossiers liés au génocide des Tutsis au Rwanda. De 2008 à 2010, Emmanuelle Ducos a été mise à la disposition de la Mission Eulex, menée par l'Union Européenne, visant à la restauration de l’État de droit au Kosovo.

Au micro d’H2O, Jacques Dallest, que l’on présente comme un spécialiste des cold case, explique que l’affaire Chevaline est “l’un des plus volumineux dossiers de cold case”. Les trois juges d’instruction vont donc d’abord prendre connaissance avec des collaborateurs du dossier. Puis elles se rapprocheront aussi des enquêteurs, notamment de la section des recherches de Chambéry, pour avoir une vision du dossier la plus complète possible.

“Ça prendra forcément du temps de faire le point sur ces investigations de ces 10 années qui ont été déjà accomplies et celles qui restent à accomplir”, estime Jacques Dallest. “On ne peut pas en tirer des plans sur la comète en assurant que le dossier sera élucidé ou pas”, prévient l’ancien magistrat. Le travail sera donc fastidieux et lourd.

“Le fait que le pôle de Nanterre soit saisi ne veut pas forcément dire qu’une affaire sera résolue”

“Le travail avec les cold case n’est pas seulement d’ouvrir de nouvelles pistes mais aussi de vérifier toutes les investigations qui ont été données et s’il n’y a pas eu des oublis ou des erreurs”, explique Jacques Dallest au micro d’H2O. Puis il glisse : “C’est pour cela que ça rend ce dossier compliqué”.

L’ancien magistrat originaire d’Annecy explique à propos de la création du pôle spécialisé de Nanterre désormais en charge du dossier Haut-Savoyard, qu’il a d’abord lancé la réflexion avec la chancellerie. “Et ensuite c’est un travail collectif que j’ai mené avec d’autres membres du groupe de travail que j’ai présidé, et qui a abouti au rapport qui a donné lieu à la création du pôle de Nanterre”, détaille-t-il modestement au micro de H2O. “Je suis plutôt heureux de voir que tout ça a avancé assez vite, c’est une très très bonne chose !”

Ce nouveau pôle “peut donner un espoir aux familles, c’est peut-être ça le plus important” assure l’ancien procureur de la République. “Mais aussi, je le dis souvent, le fait que le pôle de Nanterre soit saisi ne veut pas forcément dire qu’une affaire sera résolue”, nuance-t-il. Avant de conclure : “Néanmoins, tout aura été essayé ! ”