PUBLIE LE 14/06/2023 par Auriana Castro - 11602 vues
Réuni ce mercredi 14 juin 2023, le conseil municipal a voté pour le démantèlement des remontées mécaniques de la station. « Un désastre » pour les uns, « la seule solution viable » pour les autres…
Réuni ce mercredi 14 juin 2023, le conseil municipal a voté pour le démantèlement des remontées mécaniques de la station. « Un désastre » pour les uns, « la seule solution viable » pour les autres…
Il est 18h devant la mairie de Faverges-Seythenex lorsque le rassemblement commence à prendre forme. Cloches, klaxons et même une tronçonneuse, les opposants à la fermeture de la station sont décidés à faire du bruit. « Faites du bruit, La Sambuy » scandent-ils.
Une dizaine de minutes plus tard, le passage du maire Jacques Dalex, se fait sous les sifflements et les huées.
18h30, la séance du conseil municipal débute. Dans la salle, plus de journalistes que d’habitude et bien plus de public encore.
Premier point à l’ordre du jour, le démantèlement ou non de la station est abordé.
S’ensuit deux heures de débat houleux. La Fabrique des transitions et le cabinet Agate, représentés, interviennent chacun à leur tour, présentant respectivement la démarche menée par la municipalité depuis un an et les conclusions des études sur l’avenir de La Sambuy.
Des études qui ne convainquent pas les élu.es de l’opposition. Jean-Philippe Martinet prend à parti le cabinet et le maire : « Les chiffres que vous utilisez et que vous donnez sont simplement là pour accréditer la thèse de la fermeture. »
Applaudissements du public, les premiers d’une longue série, puisque la majorité semble farouchement opposée au démantèlement des remontées mécaniques.
Ils ne sont pas les seuls. Depuis 18h, le bruit de la petite foule rassemblée dehors est incessant. Un vacarme qui rend difficile de s’écouter… Et puis en plein conseil, un petit groupe d'opposants parvient à s’inviter de force dans la salle municipale, invectivant le maire et les élu.es. L'événement ne dure qu’une poignée de minutes, rapidement la police municipale intervient. La séance reprend son cours.
Longtemps la question économique et la question du déficit structurel de la station est mise sur la table. Le coût moyen de La Sambuy est estimé à 470.000 euros.
Le scénario de la rupture, qui consiste au démantèlement des remontées mécaniques reviendrait à 300.000 euros pour la commune - des subventions du département sont possibles. A cela s'ajoutent le coût des amortissements dont la commune doit s’acquitter.
Ce soir, seul ce scénario est soumis au vote. Un choix illogique pour plusieurs élu.es, même dans la liste majoritaire, car la première a soulevé la question ce soir, est Agnès Ballieu. A son interrogation, Jacques Dalex répond : « On vote sur un seul scénario parce que les autres ne sont pas viables. A un moment il faut avoir le courage de prendre une décision… Nous sommes aujourd’hui dans l’illégalité. » Damien Vacherand-Denand, élu de l’opposition rebondit : « Nous n’avons pas pu nous pencher sur ces différents scénarios. Nous n’avons eu que des concertations, pas de véritable travail. Aujourd’hui, je n’ai pas l’impression d’avoir fait mon travail d’élu. »
Les points s'enchaînent… le cabinet Agate revient sur le scénario présenté par l’association Tous Ensemble Pour La Sambuy, dont les pistes d’investissements proposées sont jugées comme optimistes.
20h40, deux heures depuis l’ouverture de la séance. L’amendement de la liste Rassembler et agir pour Faverges-Seythenex est présenté. Les élus reprochent, entre autres, que la commission sur La Sambuy ne se soit pas réunie en amont et n’ait pas pu étudier la proposition avant le vote du conseil. En réponse, Jacques Dalex liste alors les différentes réunions et concertations avec les élus depuis le 16 novembre 2022. Par cet amendement est aussi amenée la question du courrier de la préfecture évoqué dans un article précédent. Si l’amendement est rejeté par la majorité, le maire lit alors le courrier en question. « Le versement récurrent d’une subvention d’équilibre au budget annexe pendant plusieurs années ne permet plus de le qualifier comme exceptionnel. Ce caractère exceptionnel doit se justifier en chiffrage et en durée. » lit le maire.
« Le préfet ne demande pas à fermer la station donc ? » relance Yves Crepel. « Non, il dit que nous sommes dans l’illégalité. Je ne peux pas justifier d’une subvention de 500.000 euros. C’est un équipement de loisir, il n’y a pas de service public rendu. » se justifie Jacques Dalex.
Après les demandes réitérées des élus, le maire lit également la réponse donnée par la commune à la préfecture. Comme dévoilé lundi, le démantèlement des remontées mécaniques est la seule proposition faite pour revenir dans la légalité. Le maire ne se démonte pas pour autant, il soutient : « Grâce à ma lettre, on peut continuer jusqu’en septembre. Je ne sais pas comment on aurait fait sinon pour payer le personnel. » A cette affirmation, les protestations se font une nouvelle fois entendre dans le public. Le maire affirme : « Aucune des trois dérogations ne peut être prise en compte. »
21h00 passée, le conseil approche du vote. Si les élus de l’opposition se sont fait entendre depuis le début de la séance, les élus de la majorité sont restés extrêmement discrets. Véronique Bouchet prend alors la parole, se disant optimiste au lancement des concertations, croyant que « des solutions viables et durables » allaient être trouvées, elle raconte comment, in fine, le démantèlement lui semble aujourd’hui la seule solution face au déficit structurel et à l’irrégularité des subventions d’équilibre. L’élue conclut : « La montage continuera à exister. »
C’est un vote à bulletin secret qui actera à 21h35, le démantèlement des remontées mécaniques.
33 votants, 22 pour, 9 contre et deux abstentions.
Après un court silence, le public applaudit sarcastiquement les élus, « Bravo ».
Dehors, le bruit qui n’avait cessé depuis 18h s’amplifie.
« Un désastre » pour Christian Bailly, président de l’association Tous Ensemble Pour La Sambuy. Il confie, secoué : « Malheureusement on le redoutait. Quand j’ai su que c’était un vote à bulletin secret j’ai eu quelques secondes d’espoir. C’est un désastre pour la commune, pour l’association, pour les gens qui ont porté un projet viable et fiable. C’est une honte. »
Du côté des élus minoritaires, ce vote laisse également un goût amer. Jean-Philippe Martinet affirme : « C’est une faute politique majeure. » Il poursuit : « Pourquoi et comment en est-on arrivé là ? On a prouvé tout au long du conseil que les éléments donnés étaient superficiels, faits au doigt mouillé, qu’il n’y a pas eu la partie « retombées indirectes »… On a déjà le problème de la désertification du centre-bourg, aujourd’hui, on va encore plus baisser l’attractivité. La question n’est pas simplement le site ou la subvention mais comment on le gère mieux et comment on en fait un véritable outil d’attractivité. La solution n’a pas été cherchée. »
Pourtant, pour le maire, ce démantèlement est bien « la seule solution viable » pour la commune. Le vote terminé, Jacques Dalex prend la parole : « Nous avons toujours dit qu’à la fin il faudrait prendre une décision. […] Je suis persuadé de vous avoir proposé la bonne solution. Je comprends les craintes de tous ceux qui dans les décennies passées on fait vivre cette station. […] Il faut maintenant redessiner cette nouvelle Sambuy. »
Dans son discours, le maire mentionne également l’association TEPS et la manifestation qui se déroule alors toujours sous les fenêtres de la salle municipale : « Si ce soir l’association et ses sympathisants sont là c’est pour faire pression sur les élus. Une pression amicale, une pression moins amicale. […] Il appartient, aux élus que nous sommes, d’appeler à la retenue. »
A l’extérieur, colère et tristesse se font entendre, des insultes également.
Progressivement des petits groupes quittent le rassemblement…A l’issue du conseil municipal, la sortie du maire est encadrée par les gendarmes.
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