Haute-Savoie

HAUTE SAVOIE | Elles défendent les droits des femmes toute l’année

HAUTE SAVOIE | Elles défendent les droits des femmes toute l’année

PUBLIE LE 08/03/2022 par Auriana Castro - 15874 vues

Depuis 1982, la France célèbre officiellement le 8 mars la Journée internationale des droits des femmes. Une journée d’actions et de mobilisations autour des droits des femmes et de l’égalité hommes-femmes.

Mais toute l’année, ces revendications tentent de se faire entendre. Toute l’année des associations accompagnent les femmes et défendent leurs droits.

Parmi elles, Ostara, une jeune association annécienne et Wendo Pays de Savoie, une antenne locale de Wendo Provence, en plein développement.

Ostara « Le moment où les jours sombres s’illuminent. »

Il y a un an, Morgane Craye, fonde l’association Ostara, du nom d’une fête païenne. La présidente de l’association explique : « Ostara c’est la fête du printemps. C’est le moment où les jours sont vraiment ensoleillés. On aimait bien se dire qu’on représenterait ça avec les femmes. Le moment où les jours sombres s’illuminent. »

L’association propose un accompagnement aux femmes victimes de violences. Qu’elles soient physiques ou morales, dans un cercle familial, dans la rue ou au travail…Et cet accompagnement dépend de chacune : « C’est de l’écoute, de l’accompagnement sur des démarches, des informations sur ses droits, ça va vraiment dépendre des besoins des femmes. »

Morgane Craye l’affirme, l’association a à cœur de s’adapter aux attentes de chaque femme : « On propose un accueil sans condition, que les femmes souhaitent porter plainte ou non, qu’elles souhaitent faire des démarches ou non. On est là pour les accueillir, pour les écouter et suivre leurs besoins et leurs décisions. »

En parallèle de ces entretiens individuels, l’association propose des groupes d’expression. L’objectif libérer la parole sur les violences vécues, mais pas seulement. Morgane Craye confie : « Dans ces moments-là, on voit toute la bienveillance et le soutien de ces groupes et ce qu’ils apportent. Ces groupes d’expression permettent de revenir sur les conséquences de ce qu’elles ont vécu mais aussi pour certaines de partager du positif. Ce qu’elles ont réussi à accomplir. »

Jusqu’à présent Ostara disposait grâce à la mairie d’Annecy d’un local en centre-ville. Mais celui-ci n’était mis à disposition de l’association que le mercredi. Seule journée pour proposer ces entretiens individuels et ces groupes d’expressions… Et pourtant en quelques mois, et avec une seule journée comme créneau possible, l’association a accompagné 45 femmes victimes de violences.

Pour Morgane c’est le signe qu’une telle association manquait sur le bassin annécien : « On a énormément de retours de femmes qui nous disent « merci, parce que ce qu’il m’est arrivé il y a cinq ans, j’aurais tellement eu besoin d’un lieu comme celui-ci. C’est toujours mieux maintenant que jamais mais il y avait vraiment une demande. »
La jeune association s’installe tout prochainement dans un nouveau local, l’objectif mener ses actions le plus souvent et le plus régulièrement possible.

Wendo Pays de Savoie « La voix des femmes »

« Wen pour women et do qui signifie en japonais la voix. La voix des femmes. » explique Emilie Hazevis-Bini, la responsable de l’antenne associative Wendo Pays de Savoie.

L’association aide les femmes et les adolescentes à prendre confiance en elles et à se défendre grâce au wendo : une technique d’autodéfense physique et verbale canadienne. Il s’agit d’une méthode conçue dans les années 60-70 au Canada, grâce au couple Ann et Ned PAIGE, formés aux arts martiaux, et qui se sont entourés d’une équipe de professionnels en prévention et gestion des conflits et de la violence.

C’est à Marseille, par Wendo-Provence qu’Emilie Hazevis-Bini découvre cette pratique, « cette boîte à outils face aux violences ».  Emilie Hazevis-Bini précise : « On n’aime pas dire que c’est un sport de combat ou un art martial, c’est une transmission féministe. C’est une boite à outils contre les violences que les femmes subissent et auxquelles elles sont confrontées particulièrement. »

Si apprendre aux femmes à se défendre face aux agressions et violences questionne, Emilie dresse un triste constat : « Il est plus facile d’apprendre aux femmes à se défendre que de sensibiliser les hommes. » Une sensibilisation que s’efforce de faire l’association lors d’ateliers mixtes : Wemdo. Mais aussi dès le plus jeune âge, en intervenant dans les écoles, avec les ateliers Wemdo-Minots.

Des ateliers, où les stéréotypes de genres sont décortiqués et expliqués, où Emilie revient sur les rôles sociaux et la place attribuée aux hommes et aux femmes dans l’espace publique.

L’objectif déconstruire ces préjugés. Des préjugés à déconstruire aussi auprès des femmes et des adolescentes confie Romane Bernardini, bénévole de Wendo Pays de Savoie : « Il faut leur dire, même si la société ne le dit pas, oui c’est vrai vous avez un pouvoir, cette puissance existe il suffit que vous en ayez conscience. Avoir confiance en soi être consciente de son potentiel, de sa place dans la société. »
 

Par ces différents ateliers l’association essaie de faire évoluer les mentalités. Et les deux femmes ont bon espoir que cela change : « On voit que cette nouvelle génération veut sortir du système patriarcal. On a des lycéens, des collégiens qui sont très investis, qui sont très sensibilisés à ces questions et qui veulent que cela évolue. […] En attendant le wendo est une façon de contribuer. Notamment les ateliers wemdo-minots qui sont une façon de contribuer à cette éducation. » Romane Bernardini.

Wendo Pays de Savoie souhaite progressivement gagner en indépendance et devenir une association à part entière sur le territoire.

Ce 8 mars 2022, plusieurs associations féministes et différents organismes se sont regroupés au sein du « Collectif pour un 8 mars offensif ». Du 5 au 10 mars 2022, de nombreux évènements et initiatives ponctuent la semaine : marches, projections, table-ronde, débats… Et pour Morgane Craye, l’un des messages à faire passer lors de ces rendez-vous : « Le 8 mars, on ne veut pas de fleurs, on veut qu’on nous écoute et qu’on entende nos revendications. »